La noblesse bretonne d’après du Paz

Je me suis amusé à faire une carte des origines géographiques des familles traitées par du Paz, dans son Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne. Le résultat est particulièrement intéressant : à part Quintin (Avaugour), Chateaubriant, Derval, Malestroit, la Guerche et Retz, les 800 premières pages de l’ouvrage traitent exclusivement de familles dont les origines géographiques sont situées entre Lamballe, Rennes et Dol. Les deux cent pages suivantes, tout en continuant sur les familles issues de cette région, y ajoutent celles du sud et de l’est de Rennes.

Si on passe sur Malestroit (en limite de d’évêché de Saint-Malo), sur le cas isolé de Kermavan/Carmen (en Léon, on se demande bien pourquoi du Paz en parle) et de Coetm(e)ur (Léon, ramage de Tournemine), les diocèses de Quimper, Léon, Tréguier et Vannes sont simplement ignorés. J’aurais tout de même pu placer Guingamp, car du Paz traite des Penthièvre/Avaugour sur plus de 150 pages : j’ai mis arbitrairement Lamballe. L’évêché de Saint-Brieuc à de la chance, car à part Quintin (ramage d’Avaugour), la Hunaudaye et Madeuc (placé arbitrairement au Vaumadeuc, alors qu’ils me semblent plutôt originaire des environs de Dinan), il n’y a pas de famille qui retienne l’attention de du Paz (cliquez sur l’image pour l’agrandir).

L’évêché de Nantes s’en sort mieux, il a heureusement pour lui Châteaubriant, Derval, Machecoul, Retz, Goulaine, quelques pages sur Rougé et Montrelais, ainsi que Campzillon (ramage des Tournemine) et Oudon (ramage de Malestroit).

Ne nous fions donc pas au titre de l’ouvrage du dominicain rennais : il ne traite pas de toutes les grandes familles nobles bretonnes, mais à peine d’un quart voire d’un cinquième de celles du territoire breton. Parmi les plus illustres des familles, il ne consacre pas une notice aux Laval ou aux Rohan, alors qu’il donne plusieurs pages à des familles secondaires comme les seigneurs de Tisé, Lanvallay, Rougé, Hay, Champagné, Montrelais, etc… A côté de cela, il traite aussi de familles non bretonnes, ayant eu en un temps donné quelques intérêts dans le duché : la Rochefoucault (et son ramage Barbezieux), Craon, Mathefelon, la Jaille. Bref, il aurait mieux valu appeler son livre Histoire généalogique de plusieurs maisons du nord-est de la Bretagne et de quelques autres :)…

Je suis intéressé par des éventuelles références bibliographiques sur le sujet.

– Cet article est sous licence Creative Commons by-nc-sa.

Merci à Hervé Torchet, André-Yves Bourgès et Jean-Yves Marjou du forum Noblesse-Bretonne qui m’ont donné des indications sur les origines des Coetmeur (Tournemine), Lorgeril et Champagné.

5 thoughts on “La noblesse bretonne d’après du Paz

  1. Deux familles en particulier ont dû être vexées par l’oubli de du Paz : Rosmadec et Quélen, les deux ont été généalogisées dans la période immédiatement suivante. Et ce n’est certainement pas un hasard si le deuxième fondateur de la généalogie bretonne, Guy Autret de Missirien, est un Bas-Breton. Il commence d’ailleurs à travailler en 1625, après avoir lu l’ouvrage de du Paz et en avoir été fort agacé.

  2. Voir également le célèbre Armorial breton de Guy Le Borgne, dont le titre là encore est bien ambitieux, car ce sont surtout les familles trégoroises et léonardes qui font l’objet d’un traitement approfondi : Guy Le Borgne a essentiellement travaillé à partir des matériaux laissés par son père, contemporain de Du Paz, d’une famille implantée à Trébeurden et il a principalement complété son information auprès de Léonards comme Jacques de Kermenguy (de Cléder) ou Pierre de Kersauzon (de Saint-Pol-de-Léon).

    André-Yves Bourgès

  3. Bonjour Amaury,

    Votre carte est très instructive, merci.

    Machecoul est à l’origine la branche aînée des Retz qui eux mêmes deviennent ensuite un ramage Chabot puis Laval (Montmorency).
    Machecoul est aussi un ramage des ducs capétiens de Bretagne.
    Les Tournemine et les Chateaubriant ont eu des ramages au sud de la Loire, à l’est du lac de Grand Lieu, le premier ayant même brièvement eu des barons de Retz.
    Oudon et Montrelais sont intriqués (cf Brunterc’h infra).

    Quelques références :
    BRAND’HONNEUR, Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes, habitat à motte et société chevaleresque (XI°-XII° siècles)

    GUILLOTIN de CORSON Amédée, Les grandes seigneuries de Haute-Bretagne comprises dans le département de Loire-Inférieure, B.S.A.H.N., 1896-1897.

    GUILLOTIN de CORSON Amédée, Les grandes seigneuries de Haute-Bretagne comprises dans le département actuel d’Ille-et-Vilaine, Bulletin de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, T. XXVI, 1897-1899.

    GUILLOTIN de CORSON, Les petites seigneuries de Haute-Bretagne, BSAIV, T. XXIV, 1895, pp. 7-110.

    les trois dernières devant évidemment être prises avec un examen critique.

    La Bretagne d’après l’Itinéraire de Monsieur Dubuisson-Aubenay, suivi du Profil de la Bretagne de Jean Babin (1663), coord. CROIX (Alain), Rennes : Presses universitaires de Rennes – Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 2006, est émaillé de généalogies succinctes égrenées au cours des lieux visités.

    BRUNTERC’H (Jean-Pierre), « Une famille des confins de l’Anjou et du Nantais aux XIe et XIIe siècles : les Le Borgne », MSHAB, t. LXXVII, Actes du congrès d’Ancenis, Rennes, 1999, p. 5-47

    TONNERRE (Noël-Yves), Naissance de la Bretagne : Géographie historique et structures sociales de la Bretagne méridionale (Nantais et Vannetais) de la fin du VIIIe à la fin du XIIe siècle, coll. Bibliothèque Historique de l’Ouest, Angers : Presses de l’Université d’Angers, 1994

    Bien à vous,

    Yves

  4. Bonjour Hervé, André-Yves et Yves,

    Merci pour vos commentaires. Effectivement, il y a Guy Le Borgne et son Armorial Breton. Celui-ci couvre toutefois un peu mieux la Bretagne que du Paz, mais André-Yves le connais mieux que moi. Je ne sais pas si une cartographie de cet ouvrage a été faite, ce serait alors un travail beaucoup plus conséquent que le mien. Je ne savais pas non plus que l’ouvrage de du Paz, qui passe souvent pour être le premier du genre en Bretagne, avait suscité les travaux de Missirien.

    Pour Rosmadec, la première généalogie ne serait-elle pas celle de Vulson de la Colombière, en 1644 ? Pour Vitré/Laval, il y avait eu Pierre Le Baud un siècle plus tôt, et pour Rohan, l’article d’André-Yves nous montre qu’ils s’étaient souciés de leur généalogie bien avant du Paz…

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