L’efficacité de la Poste en 1858

Le 10 septembre 1858, Maubert, garde et régisseur des terres que mon bisaiëul avait héritées de sa mère à la Fresnaye-sur-Chédouët (Orne), écrit un courrier à son employeur pour le tenir au courant de certaines de ses affaires. Maubert poste son courrier le lendemain (cachet de la Poste), et l’adresse au château de Chanay, en Mayenne, propriété des parents de Louise Jarret de la Mairie, épouse de mon arrière-arrière grand-père, où il pensait que ce dernier se trouvait.

(Archives de la Pinsonnais, 11.0013.1)

Le courrier passe par Mamers où il reçoit un nouveau cachet, emprunte la voie postale de Paris à Brest (deux cachets), et arrive le 12 à Grez-en-Bouère, après un premier voyage d’une centaine de kilomètres. Malheureusement, mon arrière-arrière grand père n’est plus à Chânay, il est déjà rentré à la Pinsonnais. Qu’importe, le courrier peut suivre. On corrige l’adresse et on réexpédie la lettre de Grez-en-Bouère le jour même (cachet de la Poste). Chateau-Gontier, Craon, Pouancé, Châteaubriant et Nozay (Loire-Inférieure), où le courrier arrive le lendemain, 13 septembre, soit près d’une autre centaine de kilomètres, parcourue encore en une seule journée.

(Archives de la Pinsonnais, 11.0013.2)

Autre exemple, un courrier de Léon Duchesne de la Sicotière envoyé quelques mois plus tôt : cette fois, il envoie sa lettre à la Pinsonnais (un peu plus de 200km), mais manque de chance, Edmond de la Pinsonnais est à Chanay. La lettre partie le 19 juillet de la Fresnaye arrive le même jour à Alençon, d’où elle voyage par le Paris-Brest du 20 au 22 pour arriver à Nozay, d’où elle repart pour Grez-en-Bouère où elle arrive le 23. Trois jours pour un peu plus de 300km.

(Archives de la Pinsonnais, 11.0004.2)

Encore un exemple du même au même : Léon de la Sicotière poste sa lettre le 12 mai à Alençon, où elle prend le Paris-Brest le 13 et arrive le 15 à Nozay, et repart à Grez-en-Bouère où elle arrive le lendemain.

(Archives de la Pinsonnais, 11.0010.3)

On constate donc qu’en 1858, un courrier dont la destination est à une centaine de kilomètre de son lieu de départ arrive le lendemain. Encore faut-il faire remarquer que les villes d’expédition et de réception de ces lettres sont de petits centres ruraux de 1000 à 3000 habitants, qu’à chaque fois les départements de départ et d’arrivés sont différents. De nos jours où le traitement et le tri des courrier est automatisé, centralisé, informatisé et TGVisé, on constate fréquement que le courrier d’un particulier met très souvent deux ou trois jours pour aller d’un département à un autre qui lui est voisin. Pour faire en 2009 le trajet La Fresnaye/Grez-en-Bouère/Nozay, il faudrait certainement plus de deux jours à notre courrier pour arriver à bon port.

Et sur les plus grandes distances ? Voici une lettre partie de Nancy le 25 juin 1860, qui est déjà sur la route de Paris à Nantes le 26, et arrivée le 27 à Nozay.

(Archives de la Pinsonnais, 11.0302.2)

Moralité : la Poste d’aujourd’hui n’est pas plus efficace que celle d’il y a 150 ans, quand les facteurs voyageaient à cheval et les trains ne dépassaient pas les 60km/h…

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