Le château de Saint-Hénis (Andigné, Maine-et-Loire)

Siège de la seigneurie du Bois de la Cour dès le Bas Moyen-Âge, le château doit son nom actuel à la famille normande de Franquetot, barons de Saint-Hénis, qui l’achète au XVIe siècle. Dès le XVIIe, c’est la famille Ayrault qui en était propriétaire. C’est l’époque où les Ayrault, d’abord petite famille de la noblesse angevine, est devenue l’une des plus influentes d’Angers, grâce à un parcours \”classique\” d’officiers au présidial et à la municipalité d’Angers (les Boyslève ont suivi un parcours assez similaire).

Les Ayrault sont omniprésent parmi les personnes qui comptent et qui décident en Anjou, ils occupent entre autres plusieurs charges de maires et surtout de lieutenants civil et criminel au Présidial d’Angers, charge qu’ils monopoliseet durant 5 ou 6 générations ! Le personnage le plus distingué de cette famille est certainement Pierre Ayrault, né vers 1536, fils de René Ayrault (maire d’Angers en 1556) et Jacquine Loriot, qui fit des études de droit à Toulouse et Bourges, puis commença sa carrière à Paris où il fut choisi par le clergé de la ville pour plaider contre les Jésuites. Il achète en 1565 la charge de lieutenant-civil et criminel d’Angers (un peu l’équivalent d’un préfet), charge qui se transmettra de père en fils durant plus de 150 ans… Il exerce ses fonctions d’officier royal \”modèlement\” et durant la Ligue, il se range sans hésitation du côté du roi. Il est aussi connu comme juriste compétent et réputé, auteur de plusieurs livres, dont son plus célèbre, \”De patrio jure\” (ou De l’autorité paternelle contre ceux qui, sous prétexte de Religion, volent leurs enfants à leurs père et mère), alimenta longtemps les polémiques contre les Jésuites. Et pour cause, son fils aîné Guillaume, brillant et prometteur, entra à sans l’autorisation de son père chez les Jésuites à 16 ans, qui empêchèrent définitivement Pierre Ayrault de revoir son fils et compromirent son avenir en le reléguant à des occupations surtout destinées à le soustraire à la toute-puissance paternelle…

Côté généalogie, les Ayrault étaient assez prolifiques (je descend au moins quatre fois de René Ayrault) : de sa femme Anne Desjardins, fille du médecin de François Ier, Pierre Ayrault eut 15 enfants, et son fils aussi prénommé Pierre eut 17 enfants de deux mariages… Mais la mortalité infantile ne les a pas tous laissé vivre.

Mais ces Ayrault-là habitaient encore au château de la Roche à Ecuillé, c’est le petit-fils de Pierre Ayrault qui habitera à Saint-Hénis. Le château est alors entouré de vastes douves, que franchit un pont de pierre, défendu par deux fortes tours rondes. Il deviendra l’habitation principale des Ayrault de la branche aîné jusqu’en 1835. Il appartient alors à diverses familles jusqu’en 1894, lorsque Marie Aurélie Charlotte Aubourg de Boury, née en 1845, veuve d’Alfred de Villoutreys, le rachète avec l’héritage qu’elle vient de recevoir de son père. Il sera à nouveau vendu dans les années 1950, puis dans les années 1980, où il devient centre équestre, et revendu il y a quelques années… Fort heureusement, il fut l’objet d’un premier classement Monument Historique en 1961, classement annulé et remplacé par celui de 1998, qui protège l’ensemble du château, avec son enceinte et ses jardins, entourés de douves, ainsi que les grandes avenues plantées rayonnant à l’entoure.

Mon arrière-grand-mère, fille aînée de Marie Aubourg de Boury, a conservé plusieurs cartes postales du château que je vous fait partager aujourdh’ui. Elle a aussi conservé des photographies que je numériserais peut-être un autre jour pour ce blog…

Le château est visitable en Juillet et Août, mais je ne l’ai pas encore visité.





Collection particulière A. de la Pinsonnais.

Et en bonus, une carte qui n’a pas de lien avec ce billet si ce n’est l’endroit d’où elle vient, l’intérieur de l’église (mon arrière-grand-mère collectionnait plus facilement les intérieurs d’églises que les extérieurs, alors que moi, c’est l’inverse : nous nous complétons bien…).

Collection particulière A. de la Pinsonnais.

Saint-Hénis sur le ouaibe :

Petite bibliographie sur les élites à Angers aux XVI-XVIIe :

  • Le pouvoir municipal à Angers, Jacques Maillard, Presses de l’Université d’Angers, 1984, 2 volumes. Aborde plus de sujets que son titre ne pourrait le laisser croire.
  • Les nobles, la ville et le roi, Laurent Bourquin, Belin, 2001. Le livre n’est pas mauvais mais aurait été plus pertinent si l’auteur ne s’était pas arrêté aux seuls grand nobles (Brissac, du Bellay…) mais avait plus étudié les élites locales (comme l’a fait Jacques Maillard, mais seulement pour la municipalité), qu’il survole à peine.

Généalogie :

Emilien Aubourg de Boury
X Charlotte de Mengin-Fondragon
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Marie Aurélie Charlotte Aubourg de Boury
X Alfred Paul Germain de Villoutreys de Brignac
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Louise de Villoutreys de Brignac
X Joseph-Edmond Hochedé de la Pinsonnais
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Jean H. de la Pinsonnais
X Elisabeth de Brébisson
Mes grands-parents

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3 thoughts on “Le château de Saint-Hénis (Andigné, Maine-et-Loire)

  1. merci et bravo pour ce résumé – si vous venez visiter St-Henis, n’hésitez pas à me contacter (j’habite à 30Km).
    Béatrice de Landevoisin née Ayrault de St-Hénis

  2. Le chateau, que nous avons achete en debut de 2004, est strictement prive et pas a visiter. Volontierement je fait une exception pour Mme. Beatrice Landevoisin, Kate et M. Amaury de Pinsonnais. chateau@GMX.fr

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