Les galères et la pendaison pour avoir falsifié des actes de baptême !
En 1670, les frères Roberd présentent leurs titres devant la Chambre établie pour la réformation de la noblesse de Bretagne en 1668, en espérant être maintenus comme nobles, afin de ne pas payer les impôts et profiter de quelques privilèges. pour augmenter leurs chances, ils glissent dans leur dossier deux faux, obtenus avec la complicité de l’alloué du Plessix-Balisson, du sénéchal de Saint-Jagu et de leurs greffiers.
Raté. En temps ordinaire, les commissaires de la Chambre rendent la justice, ils ne sont pas dupes et savent s’y prendre pour dissuader les faussaires. Voici le jugement rendu par eux contre François et Yves Roberd.
du 20 décembre 1670
François Roberd, sieur de la Basse Tourche, et Yves Roberd, Contuilledagne, frères, maitre Claude Le Roy, alloué de la juridiction du Plessix-Balisson, Gilles Briand greffier d’icelle, maitre Nicolas Gigou, seneschal de la juridiction de Saint Jagu, et maitre Julien Hervé, greffier de laditte juridiction, deffendeurs.
Sur la veu du proces criminel extraordinairement faict contre eux et production du procureur general avec ses conclusions, à ce qu’ils eussent esté pandus et estranglés et leurs biens confisqués, et les autres conclusions vers lesdits Le Roy, Gigou, Briand et Hervé soient adjugées, mais les conclusions contre ces derniers ne sont pas exprimées.
La Chambre, faisant diffinitivement droict, a declaré lesdits François et Yves Roberd deuement attaints et convaincus d’avoir faict et fabriqué les deux extraits du baptesme des paroisses de Nostre Dame de Landouert et de Saint Lunaire de Pontual des 2e juin 1465 et 18e novembre 1587 et falsifié le papier des baptesmes de ladite paroisse de Saint Lunaire, ayant effacé au haut du 8e feillet verso dud. papier, un extraict de baptesme, pour y escrire celuy de André Roberd fils de Jan et de Jullienne de Launay dudit jour 18e novembre 1587, ordonne que lesdits extraicts seront biffés et lacerés, et celuy escrit sur lesdits papier rayé en l’audience de ladite Chambre, et pour reparation publique les a condamnés d’estre pris par l’executeur criminel en la Conciergerie de la Cour, nuds en chemise, la corde au col, tenants en leur mains chascun une torche de cire ardante du poids de trois livres, conduits à ladite audiance, pour y faire amande honorable, demander pardon à Dieu, au Roy, et à la justice, confesser hautement avoir fabriqué, falsifié, et altéré lesdits extraicts et papiers de baptesme, condamnés de servir le Roy en ses galeres comme forçats pendant le temps de cinq ans, et au cas qu’ils seroient trouvés hors icelles, jusques à avoir servi ledit temps, d’estre pandus et estranglés jusqu’à extermination de vie sans autre forme de proces, les condamne outre solidairement en 300 livres d’amande au Roy, et pareille somme d’aumosne ;
Et au regard des autres accusés pour les cas mentionnés au proces, a declaré ledit Le Roy incapable de faire à l’advenir aucune fonction de justice, luy fait deffanses d’en faire exercice à peine de nullité et de faux et autres peines y echeant, l’a condamné en 150 livres d’amande au Roy et en pareille somme d’Aumosne ; ledit Bruand (ou Briand) en pareille somme d’amande et d’aumone, et lesdidts Gigon et Hervé solidairement en cent livres d’amande et cent livres d’aumone, toutes lesdites aumosnes applicables, sçavoir sur celles dues par lesdits Roberd, 50 livres à chascun des hospitaux de Saint Yves et de la Santé, couvent des Capucins et religieuses de Sainte Catherine, 30 livres à chascun de ceux des Jacobins et Augustins de Rennes, et 40 livres à l’hospital de Saint Méen pres Joué, sur celle deue par ledit Le Roy 100 livres aux filles penitantes et 50 livres aux religieuses hospitalieres, sur celle deue par ledit Bruaud (ou Briand) 100 livres aux peres Jésuites et 50 livres aux Minimes, et sur celle deue par lesdits Gigeou et Hesrvé 40 livres au nommé Litolphil, et 30 livres à chascun des couvents des Cordeliers et Carmes de Rennes, fait deffancses auxdits accusés de retomber en pareille faute à peine de la vie, et les à condamnés solidairement aux frais de procédures.
Et au revers dudit arret est escrit et chiffré de la main de monsieur le premier president, Retentum que ledit Le Roy aura trois moys pour se deffaire de sa charge.
Source : Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms516, Troisième registre… p.385-386.
Les frères Roberd furent aussi condamnés le mois suivant à 400 livres d’amende chacun, comme usurpateurs de noblesse. Leurs preuves étaient réellement insuffisantes, mais on ne peut pas dire que la production de ces faux devant la Chambre les ait vraiment aidés…
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Je viens de trouver dans le même document l’extrait de l’arrêt qui les a déboutés le mois suivant :
Génial ! et sait-on ce qu’est devenue cette famille ?