La triste mort de Charles Albert Jarret de la Mairie

Tim Milk, qui m’avait contacté au début de l’année à propos de Charles Albert Jarret de la Mairie, m’en apprend plus sur la vie et la mort de Charles Jarret.

Charles Albert Jarret de la Mairie et Charlotte Canda

Tim, qui s’intéresse à Charlotte Canda, a fait sa propre enquête sur Charles Albert, je vous traduis ce qu’il m’écrit dans son dernier message : \ »Charles Albert était en Amerique en 1843 ou 1844. Comment rencontra-t-il la famille Canda, je n’en sais rien. Il demanda en mariage Charlotte Canda, fille de Charles et Adèle Canda. Charles Albert avait 23 ans, Charlotte en avait 16 (ce qui était fréquent à l’époque, surtout quand les fortunes le permettaient).

Le père, Charles Canda, était officer dans l’armée de Napoléon. Il était né à Amiens, et se battit en Russie et à Waterloo. Il vint en Amérique vers 1824 et épousa Adèle Theriott, fille d’un marchand français. Ils fondèrent une école pour filles place Lafayette. Leur fille Charlotte était très belle, charmante et intelligente. Elle devint célèbre à New York pour être l’une des plus jolies filles de la ville.

Dans la nuit du 3 février 1845, Charlotte tomba d’un fiacre et mourut. Charles Albert était désolé. Il retourna en Europe où il erra. Il se alla à Rome où il tomba amoureux d’une femme mariée. Je pense que l’affaire a été découverte, et que son père et sa mère en furent très contrariées.

Charles Canda entendit probablement parler des problèmes de Charles Albert. Il l’invita à revenir à New York, peut-être pour lui présenter une autre jeune fille de son école. Il semble que Charles ne se soit jamais remis de la mort de Charlotte, et qu’aucune autre femme ne l’intéressait plus. Le 18 octobre 1847, il rentra dans sa chambre d’hôtel et se tira dessus deux fois avec un pistolet. Il mourut de ses blessures.

Voici maintenant la transcription de l’enquête de police (transcription de Tim Milk, avec son aimable autorisation). Ma traduction en français suivra.

AN INQUIRY – Charles Jarret de la Mairie

Found: Broadway and Reade
Taken at the house of Antoine Vignes, corner Broadway & Reade St. on October 18, 1847
[He killed himself in the early morning hours – T.Milk]

\ » . . . came to his death by shooting himself with a pistol in the head and also near the region of the heart while labouring (sic) under temporary insanity.\ »

Testimony

Charles Canda, residing 17 Lafayette Place being sworn _____ that I have been aquainted with Charles Jarret the _____ Mairie this first of September. He was a native of France of very respectable family–and well educated. He arrived from Paris in the early part of September and was in easy circumstances. Yesterday about 12 o’clock he came to my house — and seemed under great mental excitement. During the conversation  he asked me if I had the same opinion of him as my sister–he fancied that my sister despised him– I tried to ascertain the cause of his strange conduct–and asked him if he had committed any crime– he was ____ _____ and asked a great many strange questions and said he intended to destroy himself–so giving as a cause that he was in love with a married woman in Rome —  I told him that he had friends and that he must wait and the doctor would restore him to health — he was very much excited and when he left me I told him I would call to see him–He said to me not to call–after he left he came back again and asked me where he would find a Catholic minister– He left my house in the afternoon about half-past four o’clock– i did not see him again until he was dead. While at my house he showed a pistol and alarmed my family very much.  Charles Canda.

== + == + ==

Antoine Vignes residing at Broadway and Reade St. Being sworn says that he keeps a hotel at said place — Charles A. Jarret _____ came to board with me last tuesday night. I did not notice anything strange in his manner . . . times he has been with me he was very quiet and frequently rode out in a carriage. Yesterday afternoon about 4 o’clock he came home. I asked him if he would have some dinner–he replied no–then went to his room–and soon after this he came downstairs and requested a carriage to see about a vessel to return to France– he came home and wanted some soup– About 8 o’clock a carriage was ordered for him   he wanted to go and see a Bishop– he did not see the Bishop and saw one of the priests– about half-past nine he requested a carriage again – as he wished to see one of the priests again. He returned about 1/2 past 10 o’clock and went to his room– I did not see him again until this morning — I asked him if he wanted breakfast — he said give him a cup of tea — The tea was sent to his room. He refused to receive it and so on after called to the waiter– I went up to his room, he said he would like to see the priest again– I at this time had sent for his friend — he told me if any person came to see him to tell him their names before he showed them to his room. I went to his room again to see what he was doing in there — he was sitting at a table with a pistol in his hands — I asked him what he was going to do — that he should (not) have such a thing in his room — He then raised the pistol to his head and said that he would blow out his brains so as to not disgrace his family– I told him  that he must not injure my home and got hold of the pistol and took it from his hands– It was a four barrelled revolver, the barrells were all loaded and had caps on — I saw another pistol lying on the table which did not appear to be in order — I left his room and took the pistol with me — in about six or eight minutes a servant came down stairs and said that they had heard the report of a pistol upstairs. I went to the room of the deceased–his door was locked — I called to him, he did not answer me. I then broke the door in– the deceased was lying on the bed with a pistol lying by his left side — he was not quite dead — and lived a few minutes — I sent for a doctor — before he came he was dead.  Antoine Vignes.

The following are literal translations of notes left by the deceased, written in French: —

[Addressed to his brother Louis.]
\ »Farewell my good Louis—Farewell for ever, farewell likewise my good Agatha. I dare no longer write to my father or mother, neither to Henry or his wife. I have become a stain to my family.\ »

[To his Mother.]
\ »To my Mother: God or the devil wishes me to stigmatize your name. There are two pistol shots that I have fired without being able to kill myself. Farewell, forgive me.\ »

On another piece of paper:  “Before dying, I ask pardon of those I have rendered so unhappy, and particularly to the person who brought me here.”

Verdict accordingly.

Dr. Thomas Holmes

(Archives Municipales de New-York – NY County Coroner’s Inquests, Roll No. 35 Sept-Dec 1847, relevé par Tim Milk).

Traduction de l’enquête de police

Trouvé à : Broadway et Reade
Pris à la maison d’Antoine Vignes, à l’angle de Broadway et Reade St. le 18 october 1847
[Il s’est tué dans les premières heures de ce jour – T.Milk]

\ » . . . est mort en se tirant dessus avec un pistolet dans la tête et près du coeur pendant qu’il travaillait (sic) sous l’emprise d’une folie passagère.\ »

Témoignages

Charles Canda, habitant au 17, place Lafayette a juré _____ que j’ai été en relation avec Charles Jarret de _____ Mairie ce premier septembre. Il était originaire de France, d’une famille très respectable – et bien éduqué. Il était arrivé de Paris début septembre dans de bonnes conditions. Il vint chez moi hier vers midi – et paraissait très excité. Pendant la conversation il me demanda si j’avais la même opinion de lui que ma soeur – il pensait que ma soeur le méprisait – J’ai essayé de connaître la raison de son étrange conduite, – et je lui ai demandé s’il avait commis un crime – il était ____ _____ et a posé beaucoup de questions étranges et à dit qu’il avait l’intention de se détruire – en donnant comme raison qu’il était amoureux d’une femme mariée à Rome – Je lui ai dit qu’il avait des amis, qu’il devait attendre et que le médecin allait lui rendre la santé – Il était très énervé et quand il m’a quitté je lui ai dit que j’irais le voir – – Il m’a dit de ne pas le faire – après être parti, il revint et me demanda où il pouvait trouver un prêtre catholique – Il quitta ma maison dans l’après-midi vers quatre heures et demies – je ne l’ai pas revu jusqu’à sa mort. Pendant qu’il fut chez moi il montra un pistolet et effraya beaucoup ma famille.  Charles Canda.

== + == + ==

Antoine Vignes habitant à Broadway et Reade St. a juré qu’il possédait un hôtel à cet endroit – Charles A. Jarret _____ est venu prendre pension chez moi mardi soir dernier. Je n’ai rien noté d’étrange dans son comportement . . . fois qu’il venait chez moi il était très calme et sortait souvent en fiacre. Hier après-midi vers 4 heures il vint à la maison. Je lui ai demandé s’il désirait dinner – il me répondit que non – et alla dans sa chambre – et redescendit rapidement et demanda un fiacre pour chercher un vaisseau qui le ramènerait en France – il rentra et demanda un peu de soupe – Après 8 heures un fiacre lui fut loué, il voulait aller voir un évêque – il ne vit pas l’évêque et vit un de ses prêtres – vers neuf heures et demies il demanda à nouveau un fiacre – car il voulait voir encore un de ces prêtres. Il rentra vers 10 heures et demies et alla dans sa chambre – Je ne l’ai pas revu jusqu’à ce matin – Je lui ai demandé s’il voulait un petit déjeuner – il répondit qu’on lui donna une tasse de thé – Le thé lui fut monté dans sa chambre. Il le refusa et tout de suite après appela le serveur – J’allais dans sa chambre, il dit qu’il voulait voir à nouveau le prêtre – J’ai envoyé chercher son ami à ce moment – il me dit, si quelqu’un venait le voir, de lui dire leurs noms avant de les faire entrer dans sa chambre. Je revins dans sa chambre pour voir ce qu’il y faisait – il était assis à une table avec un pistolet dans les mains – Je lui demandais ce qu’il s’apprêtait à faire – qu’il ne devrait pas avoir une telle chose dans sa chambre – Il leva alors le pistolet vers sa tête et dit qu’il se ferait sauter la cervelle pour ne plus être une honte pour sa famille – Je lui ait dit qu’il ne devait pas offenser ma maison et mis la main sur le pistolet et lui pris des mains – C’était un revolver à quatre barillets, les balles étaient toutes chargées et amorcées – J’ai vu un autre pistolet posé sur la table et qui ne semblait pas être en état de marche – J’ai quitté sa chambre en emportant le pistolet – six ou sept minutes après un serviteur descendit les escaliers et dit qu’il avait entendu le bruit d’un pistolet en haut. J’allais à la chambre du décédé – sa porte était verouillé – Je l’ai appelé, il ne répondit pas. J’ai alors forcé la porte – le décédé était étendu sur le lit avec un pistolet posé à sa gauche – il n’était pas complètement mort — et a vécu quelques minutes – J’ai envoyé chercher un médecin – avant qu’il arrive il était mort. Antoine Vignes.

La suite sont des traductions littérales de notes laissées par le décédé, écrites en français : –

[Adressé à son frère Louis.]
\ »Adieu mon bon Louis — Adieu pour toujours, adieu de même ma bonne Agathe. Je n’ose plus écrire à mon père et à ma mère, pas plus qu’à Henry et à sa femme. Je suis devenu une tâche pour ma famille.\ »

[A sa mère.]
\ »À ma mère : Dieu ou le diable souhaitent que je stigmatise votre nom. J’ai tiré deux coups de pistolet sans pouvoir me tuer. Adieu, pardonnez-moi.\ »

Sur un autre morceau de papier : “Avant de mourir, je demande pardon à ceux que j’ai rendu malheureux, et en particulier à la personne qui m’a amené ici.”

Verdict en conséquence.

Dr. Thomas Holmes

Un très grand merci à Tim pour ses communications.

Généalogie :

Henri-René Julien J. de la M. épouse en 1776 Philippe-Madeleine du Boisjourdan
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Henri-René Louis J. de la M. Louis Ambroise Augustin J. de la M.
X Augustine-Marie Le Gouz du Plessis X Marie-Angèle Le Gouz
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Charles-Albert J. de la M. Louise-Marie J. de la M.
X Edmond Hochedé de la Pinsonnais
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Joseph-Edmond H. de la Pinsonnais
X Louise de Villoutreys de Brignac
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Jean H. de la Pinsonnais
X Elisabeth de Brébisson
Mes grands-parents

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