La restauration de Suscinio

Suscinio était une résidence des ducs de Bretagne. C’est un manoir bâti au milieu des marais de Sarzeau, leur proximité permettait ainsi aux ducs de s’adonner à la chasse. Ils appréciaient particulièrement le cadre de la presqu’île de Rhuys, Suscinio fit donc l’objet de leurs soins. Bien qu’il ne fut jamais réellement destiné à une utilisation militaire, il est doté dès sa version de 1218 de hautes tours saillantes, comme l’étaient celles des châteaux royaux. Hors de l’enceinte, la chapelle ducale qui ne servait qu’une ou deux fois par an tenait plus de la collégiale princière que d’un oratoire de campagne. Incendiée en 1380, il n’en reste plus aujourd’hui qu’un magnifique pavement de 300m². Les ducs, surtout Jean IV, Jean V et François II, agrandiront progressivement le château aux XIVe et XVe siècles.

Abandonné dès le XVIe siècle (il n’y a déjà plus de planchers), Suscinio connu à la Révolution le sort de beaucoup d’autres grands châteaux : il servit de carrière de pierres. Mérimée, devenu inspecteur des Monuments Historiques en 1834, classe Suscinio dès l’année suivante. Mais contrairement au château de Pierrefonds, aucune restauration n’est envisagée pour Suscinio, et au début du XXe siècle, ce n’est plus qu’une ruine, comme le montre les sept cartes postales que j’ai choisi de vous présenter aujourd’hui.

Les choses changent en 1965 : le Conseil Général rachète Suscinio. En 1968 commencent les travaux de restauration : il ne s’agit que de consolider et conserver l’édifice dans son état d’alors. Les choses changent cinq ans plus tard, lors de fouilles en 1973 et 1975 lorsqu’on découvre les restes de la chapelle et du pavement, exceptionnel et sans équivalent dans toute l’Europe. Le Conseil Général prend alors la décision de restaurer les toitures : grâce à des relevés archéologiques et des documents d’archives contenant des relevés précis, la restitution de ces toitures sera fidèle.

Le visiteur qui voit Suscinio aujourd’hui n’est donc pas devant un château imaginaire, le manoir lui apparaît réellement tel qu’il était (sauf bien entendu pour les parties non restaurées) à la fin du XVe siècle. J’ai donc accompagné mes cartes postales de (grandes) photos prises cet été, reprenant à peu près les mêmes vues que les cartes…

Il est aujourd’hui impossible de reprendre cette même vue, entre temps, l’étang a été comblé, et une maison a été bâtie (devinez avec quelles pierres) entre l’endroit où se trouvait le photographe et le château.


Là encore, cette photo est impossible à prendre aujourd’hui, mais pour la raison inverse : les deux dames et le monsieur de la carte seraient au fond du marais…

 






(Collection A. de la Pinsonnais)

Pour aller plus loin :

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