Limousin, novembre 1734
Preuves de noblesse de Jean-François de Villoutrei, agréé par le roi pour estre élevé page de Sa Majesté dans la Petite écurie sous la charge de monsieur le Marquis de Beringhen, son premier écuyer.
D’azur à un chevron d’or, accompagné en chef d’un croissant d’argent acosté de deux étoiles d’or, et en pointe d’une rose d’argent.
Ier degré, produisant. Jean-François de Villoutrei. 1717.
Extrait du registres des batesmes de la paroisse de St Pierre de la ville de Limoges portant que Jean-François de Villoutrei, fils de Marc-Antoine de Villoutrei, écuyer, seigneur de la Judie, et de demoiselle Jeanne de Royère sa femme, naquit le vingt sixieme de juin de l’an mil sept cent dix sept et fut baptisé le vingt neuviesme dudit mois et an. Cet extrait signé Juge, curé de ladite église de St Pierre et légalisé.
IIe degré, père et mère. Marc-Antoine de Villoutrei seigneur de la Judie, Jeanne de Royère, sa femme. 1714.
Contract de mariage de Marc-Antoine de Villoutrei, écuyer, seigneur de la Judie et de St Martin le Vieux, porte-étendart des Chevau legers de la Garde du Roi, et assisté de Jean de Gay son oncle maternel, ecuyer, seigneur de Nexon, acordé le douziesme de mai de l’an mile sept cens quatorze avec demoiselle Jeanne de Royère, fille d’Antoine de Royère, ecuyer, seigneur de Burgnac et de Beaudeduit, et de demoiselle Jeanne Vidaud. Ce contrat passé devant Etienne, notaire à Limoges.
Testament de Jaques de Villoutrei, ecuyer, seigneur de la Judie, et de la Chantardie, capitaine de cavalerie et marechal des logis des Chevau legers de la Garde du Roi, fait le septiesme de mars de l’an mile sept cens deux, par lequel entre autres dispositions il institue son heritier demoiselle Jeanne de Gay de Nexon, sa femme, à la charge de remettre son héredité à Marc-Antoine de Villoutrei, son fils aîné, ecuyer, seigneur de la Chantardie, l’un des deux cent Chevau legers de la Garde du Roi. Cet acte reçu par Lomenue, notaire à Dixe, senechaussée de Limoges.
IIIe degré, ayeul. Jaques de Villoutrei, seigneur de la Judie, Jeanne de Gay de Nexon, sa femme. 1672.
Contract de mariage de Jaques de Villoutrei, écuyer, seigneur de la Judie, et de la Chantardie, acordé le trente uniesme de juillet de l’an mil six cens soixante douze avec demoiselle Jeanne de Gay de Nexon, fille de François de Gay de Nexon, écuyer, seigneur de Nexon, et de demoiselle Isabeau de la Bastide. Ce contract passé devant Loménie, notaire audit lieu de la Judie.
Ordonnance rendue à Limoges le vingt neuviesme d’avril de l’an mil six cens quatre vingt dix neuf par monsieur de Bernage de Saint Maurice, maitre des requestes et commissaire déporté dans ladite généralité, par laquelle il maintient dans la qualité de noble et d’ecuyer Jaques de Villoutrei, ecuyer, seigneur de la Judie et du Breuil, capitaine de cavalerie et marechal des logis des Chevau legers de la Garde du Roi. Cette ordonnance signée de Bernage.
Arrest du Conseil d’Etatdu Roi rendu à Versailles le vingt six d’avril de l’an mil six cens quattre vingt quatorze par lequel Sa Majesté maintient dans la qualité de noble et d’écuyer Jaques de Villoutrei, écuyer, seigneur de la Judie et du Breuil, capitaine de cavalerie et marechal des logis de la compagnie des Chevau legers de la Garde du Roi, et fils de Pierre de Villoutrei, écuyer, et de demoiselle Jeanne Hébrard, sa femme. Cet arrest signé Phelypeaux.
Testament de demoiselle Jeanne Hébrard, veuve de Pierre de Villoutrei, écuyer, fait le vingt huitiesme du mois d’aoust de l’an mile six cens cinquante sept, par lequel entre autres dispositions elle institue son héritier Jaques de Villoutrei, écuyer, sieur du Breuil, son plus jeune fils. Cet acte reçu par de Loménie, notaire au bourg d’Escars.
IV degré, bisayeul. Pierre de Villoutrei, écuyer, Jeanne Hébrard, sa femme. 1651. D’azur à trois molettes d’eperon d’or, posées deux et une, et un chef échiqueté d’or, et de gueules.
1 – Procuration donnée le vingtiesme du mois d’aoust de l’an mil six cens cinquante un par demoiselle Jeanne Hébrard, à Pierre de Villoutrei son mari, écuyer, pour ourdir le mariage de Jean de Villoutrei, leur fils aîné, ecuyer, sieur de la Garde, avec la fille de Jean Mousnier, ecuyer. Cet acte reçu par de Loménie, notaire au bourd d’Escars.
3 – Donation faite le seiziesme de décembre de l’an mile six cens soixante quatre, par Jean de Villoutrei, écuyer, sieur de la Plaigne, fils de François de Villoutrei, ecuyer, à Jaques de Villoutrei son neveu, ecuyer, sieur du Breuil, Savoir de tous ses biens meubles et immeubles à la reserve de la somme de mile livres. Cet acte reçu par de Loménie, notaire à St Martin le Vieux, juridiction d’Aixe en Limousin.
4 – Testament de François de Villoutrei, ecuyer, fait le vingtiesme de novembre de l’an mil six cens trente par lequel il institue ses héritiers Pierre de Villoutrei, ecuyer, et Jean de Villoutrei, ecuyer, sieur de la Plaigne, ses enfans. Cet acte reçu par Coudert, notaire au bourg de St Martin.
3 – Sentence rendue à Paris le vingt deuxiesme de mai de l’an mile sept cens neuf sur les diferents qui etoient entre Jean de Villoutrei, ecuyer, seigneur de Teissonières et Marc-Antoine de Villoutrei, ecuyer, seigneur de la Judie, par raport à la succession de Pierre de Villoutrei leur ayeulvivant sieur de la Garde, heritier pour moitie des biens de François de Villoutrei et de Marguerite Mansat ses père et mère. Cette sentence signée du Cornet, Vezin et Bouglar, avocats au Parlement et déposé pour minute chés Anger notaire au Chatelet de Paris.
Testament de noble Guillaume de Villoutrei, ecuyer, sieur de Villoutrei, capitaine d’une compagnie de gens de guerre, sous la conduite du seigneur de la Tremoille, fait le vingt cinquiesme de mai de l’an mile cinq cens trente un par lequel etant sur le point de s’acheminer pour le service du Roi, il fait plusieurs legs pieux et autres dispositions, et il institue son heritier Pierre de Villoutrei son second fils et de demoiselle Marguerite de la Roche sa femme. Cet acte reçu par Essenault, notaire à Chaslus en Limousin.
Nous Louis Pierre d’Hozier, juge general d’armes de France, chevalier de l’Ordre du Roi, son Conseiller, maitre ordinaire en sa Chambre des comptes de Paris, généalogiste de la Maison, de la Chambre et des oeuvres de Sa Majesté et de celles de la Reine,
Certifions au Roi et à monsieur Henri Camille marquis de Beningham, premier écuyer de Sa Majesté, chevalier, commandeur de ses ordres, son lieutenant general au gouvernement de Bourgogne et gouverneur de Chalon-sur-Saone, que Jean François de Villoutrei a la noblesse necessaire pour estre admis au nombre des pages que Sa Majesté fait élever dans la Petite écurie, ainsi qu’il est justifié par les actes qui sont énoncés dans cette preuve, laquelle nous avons vérifiée et dressée à Paris le samedi vingtiesme jour du mois de novembre de l’an mile sept cens trente quatre.
[Signé :] d’Hozier.
Généalogie :
Jean-François de Villoutreys X 1737 Catherine du Soulier | Jean-François de Villoutreys X 1776 Jeanne de Villoutreys du Plessis (branche angevine) | Germain de Villoutreys X 1800 Julie Ayrault de la Roche | Paul de Villoutreys X 1830 Stéphanie Pasquerays du Rouzay | Alfred de Villoutreys X 1866 Marie Aurélie Charlotte Aubourg de Boury | Louise de Villoutreys de Brignac X 1890 Joseph-Edmond H. de la Pinsonnais | Jean H. de la Pinsonnais X Elisabeth de Brébisson Mes grands-parents
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Pour en savoir plus sur les écuries du roi et les pages qui y étaient élevés, je vous invite à lire ces deux ouvrages très intéressants à plusieurs titres :
On trouve dans les registres paroissiaux de Saint-Denis de Nantes, un premier acte qui parle d’eux le 27 avril 1665. L’acte est assez difficile à lire, mais ça ne ressemble pas vraiment à un acte de mariage. Il parle de la promesse de mariage d’entre escuyer François de Villautreye seigneur de Bignolesse et damoiselle Renée Chenu damoizelle du Bas Plessis, puis mentionne les dispenses obtenues par les futurs époux qui étaient parents au quatrième degré par les Charette (famille nantaise originaire des environs de Ploërmel), et il semble bien que le prêtre avait quelques soupçons sur la légitimité de ce mariage, car il ne le célèbre simplement pas. Il faudra attendre quelques mois et une bulle de l’évêque de Nantes pour régulariser la situation. On lit enfin deux pages plus loin, dans ce même registre, que le dix septme jour de novemb mil six cent soixante cinq avant midy, […] messire François de Viloutreix seigneur de Bignolesse et damlle Renée Chenu ont reçu la bénédiction nuptiale. Cette fois, les dispenses et les autorisations sont valides, et Julien Mainguy, notaire apostolique et royal, est présent afin d’éviter toute contestation. Les nouveaux époux signent le registre, avec Julien Mainguy et Chesneau, prêtre qui a célébré l’office. Un seul parent est cité, il s’agit de Marguerite Voguet, tante maternelle de l’époux, qui signe aussi. Les Charette étant sénéchaux de Nantes de père en fils (ou presque), nul doute que leur intervention et leur influence ont été sollicitées pour obtenir les dispenses nécessaires.
Le Bas-Plessis appartenait aux Chenu depuis au moins cent ans, et bien que Gilbert Chenu, seigneur du Bas-Plessis, eut cinq fils parmi douze enfants de deux mariages, aucun ne lui survécu. C’est Renée, l’aînée de ses filles, qui en est l’héritière en 1665. On ne sait pas exactement à quoi ressemblait le Bas-Plessis à cette époque car le château a été incendié et détruit à la Révolution, mais dès le Bas Moyen Âge et dans l’ouest de la France (particulièrement en Bretagne), le Plessis désigne un lieu fortifié, protégé par des bois. Du château qui a pu exister en 1665 ne subsistent que deux tours, probablement de l’époque médiévale (inscrites MH).
Les Villoutreys ont été forcés d’émigrer à la Révolution et ont eu beaucoup de mal à rentrer dans leurs biens, dont il ne restait, au Bas-Plessis, que des ruines. A son retour d’Allemagne, Jean-François de Villoutreys habite dans l’une des deux tours. Un nouveau château est bâti par son petit-fils Jules en 1833, agrandi par Ernest, et le parc est créé dès 1869, avec une porterie à chaque entrée (ce parc, Site Protégé Classé depuis 1975, est ouvert toute l’année aux promeneurs).
En 1878, Ernest de Villoutreys fait ajouter une aile au château de son père, qui apparaît alors tel que sur ces cartes postales, ramenées par mon arrière-grand-mère lors d’un de ses séjours au Bas-Plessis, où elle a recopié l’histoire de l’hôtel de Villoutreys à Angers pendant la guerre. Cette aile de 1878 (première carte ci-dessous) a été démontée en 1982, elle abritait une bibliothèque qui fut confiée à l’Université Catholique de l’Ouest (je me souviens y avoir consulté deux ou trois ouvrages quand j’étais étudiant) puis à la Bibliothèque des Archives Départementales du Maine-et-Loire.
Collection A. de la Pinsonnais.
Généalogie :
François de Villoutreys
X Renée Chenu, dame du Bas-Plessis
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Louis de Villoutreys
X Marie-Louise Le Roux de la Roche des Aubiers
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Hardy de Villoutreys
X Marie de la Forest d'Armaillé
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Jeanne de Villoutreys (du Bas-Plessis)
X Jean-François de Villoutreys (de Brignac)
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Germain de Villoutreys
X Pauline Ayrault de la Roche
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Jules de Villoutreys de Brignac Paul de Villoutreys
X Elisabeth de Villebois-Mareuil X Stéphanie Pasquerays du Rouzay
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Ernest de Villoutreys Alfred de Villoutreys
X Marie Antoinette de la Tullaye X Marie Aubourg de Boury
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... Louise de Villoutreys
X Joseph-Edmond H. de la Pinsonnais
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Jean H. de la Pinsonnais
X Elisabeth de Brébisson
Mes grands-parents
Voir aussi : des photos récentes du Bas-Plessis.
A lire (un peu d’auto-promotion) : Généalogie de la famille de Villoutreys.
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]]>Le 28 juin de l’an 1780 était inhumé dans le caveau de l’église paroissiale de Jarzé haut et puissant seigneur Hardy Gilbert Germain de Villoutreys, chevalier, seigneur des châtellenies du Bas-Plessis, du Plessis-Clérembault, l’Orvoire, Tilliers, Beaumont et autres lieux, marquis de Jarzé, époux de haute et puissante dame Marie Henriette Thérèse de la Forest d’Armaillé. Il était décédé la veille de son inhumation, en son château, âgé de 62 ans.
Le corps avait été, selon la tradition, exposé dans la grande salle du dit château, puis, le matin des obsèques, à la porte ou balustrade de la cour, sur un lit d’honneur, après les messes solennelles et accoutumées, la levée eut lieu vers les onze heures du matin, et le corps conduit pour la messe \”grande et solennelle\” à l’église paroissiale où il fut ensuite descendu en l’enfeu des sires de Jarzé pour y jouir du repos éternel.
Il était environ deux heures de l’après-midi, et les offices religieux avaient commencé vers six heures du matin.
L’acquisition de cette terre de Jarzé en 1779 avait été une des grandes – et dernières – joies de Mr Hardy Germain [Dont le portrait de son petit-fils Germain avec de gros favoris était dans le fumoir d’Angers à l’hôtel de nos parents au 19 rue de la Préfecture, vendu depuis] de Villoutreys. Quelques années auparavant, il avait acquis le marquisat de Château-Gontier, et la seigneurie de Beaumont, puis en 1763 l’hôtel de Villoutreys, à Angers, au 9 rue St Evroult. En cet hôtel et dans ses terres de Jarzé et du Bas-Plessis (Chaudron-en-Mauges), il espérait vivre une vieillesse heureuse et honorée. \”Vanitas, Vanitatum !\” n’eut point failli s’écrier Mr de Meaux (Bossuet). Et de fait, quelques semaines plus tard, le marquisat de Jarzé et la terre furent passés aux Foucault, ainsi que le permettait le droit angevin. Le château, beau et somptueux, flanqué de quatre tours, ne lui survécut guère : remanié dès 1780 par le nouveau marquis, incendié en 1794 par l’Armée Vendéenne, reconstruit dans le style \”caserne\”, il n’a plus rien qui rappelle le passé. L’hôtel de Villoutreys devait être, en 1793, vendu comme bien national au citoyen Bellanger pour 18.000 livres. Aux cendres même du \”Haut et Puissant Seigneur\” il ne fut point accordé l’éternel repos tant demandé en ce matin du 28 juin 1780 : le 14 nivôse, an II, l’enfeu seigneurial de Jarzé fut profané par les révolutionnaires.
\”Vanitas ! Vanitatum !\”
Madame de Villoutreys, sa veuve, laissant provisoirement l’hôtel familial à sa fille unique, mariée à un Villoutreys du Limousin, s’en fut habiter un vieil immeuble renaissance (à l’angle de la rue St Michel et du \”Cul de sac de Laubrière\”) qui avait connu quelque renom sous les Buril, les Landery et les Gourreau… qui avait abrité Charles VIII et le connétable de Bourbon – avait subi quelques avatars sous l’avocat huguenot Chailland – et se trouvait pour lors assez délabré.
Locataire de Mr Guérin, l’aîné, avocat, elle y vécut huit ans avec son frère, Mr le Chevalier d’Armaillé. Quatre domestiques assuraient le service.
En 1788, ses enfants étant allés s’installer au n°8, de la rue St-Aignan, Mme de Villoutreys rentra chez elle. Elle abandonna alors son petit hôtel de la rue St Michel à Mr et Mme de Varancé qui en entreprit (sic) aussitôt la restauration.
Coupable, entre autres, d’avoir reçu un billet de logement des Vendéens lors de l’occupation d’Angers par ceux-ci, Mme de Varancé devait finir ses jours sous les balles au Champ des Martyrs.
L’hôtel des Villoutreys, acquis en 1763, nous l’avons vu, sur les Richard de Beauchamps, est une de ces vieilles demeures dont est si riche notre antique cité. Situé au n°9 de la rue St Evroult, il y voisine avec le logis bien connu de Haute-Mule, ancienne résidence des Fontevristes, et a encore un grand air, sous son aspect vétuste, pour ne pas dire pis.
L’un et l’autre ont éveillé jadis l’écho des salles de nos séances… Nous n’insisterons pas, nous bornant à rappeler que lors du passage des Vendéens à Angers, d’Elbée établit son quartier général à l’hôtel de Villoutreys, et y fut reçu avec enthousiasme. Déjà suspecte, et du coup définitivement compromise, Madame de Villoutreys, après la reprise d’Angers par les bleus, dut s’enfuir. Elle rejoignit la Grande Armée Catholique et Royale, après la bataille de Cholet, passa la Loire avec elle, et la suivit péniblement jusqu’à Baugé d’où elle gagna la Flèche. Elle y mourut, épuisée de fatigue, le 8 décembre 1793.
Mr le Chevalier d’Armaillé, son frère, officier dans l’armée de Bonchamps, mourut pendant la guerre de Vendée : sa femme et trois de ses filles comptent parmi les victimes des noyades de Nantes.
Mr et Mme de Villoutreys avaient mené grand train… Leur mobilier, rien que pour l’hôtel d’Angers, est d’importance et de luxe : salon, salle à manger, des lits attendent visiteurs et invités ; chaises à porteurs pour la ville, carrosse pour la campagne, plusieurs chevaux dans les écuries. En ville, quatre domestiques au moins (davantage au temps du marquis) qui ne coûtent, il est vrai, que cent à cent cinquante livres par an. Et une cave ! (mais nous y reviendrons tout à l’heure). La récupération des métaux n’est pas nouvelle ! Elle fut largement pratiquée sous la Convention, et de façon draconienne les pauvres cloches de nos églises en furent les premières victimes. A l’hôtel de Villoutreys, quel butin ! rien que pour la cuisine : les chenets, les \”castrolles\”, un écumoire, une grande cuillère, six grands \”falleaux\” (falots ?), une paire de mouches : tout cela en cuivre… rouge presque toujours. Jusqu’aux chaises qui ont des têtes de dossier en cuivre. La vente se fit sans encombre, et rien ne fut saisi !
Quant aux trois domestiques, désormais des \”officieux\” de toute évidence, ils ne recevaient plus leurs gages, mais s’ils mentionnent le fait, c’est disons-nous pour mémoire et sans récrimination de leur part ! Mme de Villoutreys, avons-nous dit, avait dû fuir et suivre l’Armée Catholique Vendéenne jusqu’à Baugé et la Flèche où elle mourut épuisée.
Où la plaisanterie commence !
Les Villoutreys sont originaires du Limousin, les d’Armaillé de Bretagne1, mais le ménage était devenu angevin (sa cave en fait foi !). Mais angevin non converti encore au culte exclusif du Layon, et demeuré éclectique en ses goûts.
Chacun sait que les plus renommés, le Sauternes et le Chambertin, par exemple, sont bons tout au plus pour rincer les verres à vin d’Anjou. Notre Haut et Puissant Seigneur, lui, appréciait Sauternes et Chambertin, et ne songeait point à s’en servir comme eau de vaisselle !
La cave de Villoutreys (de l’hôtel de Villoutreys, où le ménage ne passait que quelques mois d’hiver) comportait encore en 1793 quelque 2073 bouteilles dont notre anjou vermeil ne représente qu’une bien minime partie, 259 bouteilles (de 1780 et 1781). Le reste se décompose ainsi : champagne blanc : 287 bouteilles ; Bourgogne : 28 bouteilles ; crus divers de la vallée du Rhône : 90. Espagne et Madère : 103. Anglette et pays basque : 106. Divers crus méconnus : 67. Rouge ordinaire : 414. Blanc ordinaire : 364. Bière : 80.
Quand les grands chefs vendéens furent hospitalisés, et reçus à bras ouverts à l’hôtel de Villoutreys, la table et la cave furent ouvertes ! … 8 jours seulement… mais au repos, et l’Etat major était nombreux et… angevin ! Peu après, dès le 29 octobre, l’immeuble, bien d’émigré, fut occupé par la trop fameuse commission militaire, de nom mais civile en réalité, qui envoya à la mort des milliers d’innocents de toute classe et de toutes conditions… Cette fameuse commission n’y habita que huit jours, mais ne manqua pas, ainsi que tout son personnel de puiser dans cette généreuse cave !
Il est question dans l’article que je copie de plusieurs curés édifiants, dont celui de Chaudefonds : M. des Verdier de la Sorinière qui dut s’enfuir en Angleterre où il mourut, laissant aux mains des révolutionnaires sa sœur et sa belle-sœur qui seront guillotinées place du Ralliement, ainsi que ses deux nièces fusillées au champ des Martyrs. L’une de ces dernières, fort jolie, refusa dédaigneusement le mariage que lui offrait l’officier \”bleu\” commandant l’escorte, mariage qui, au termes de la loi, devait lui sauver la vie…
Mais il y eut aussi les curés jureurs, ceux qui prêtèrent le fameux serment : dont le curé Ferré, à St-Samson d’abord en 1798 (cette paroisse a été englobée dans l’actuel jardin des Plantes). Il avait 74 ans quand il jura… (il y en eut peu heureusement à Angers) et fut élu curé constitutionnel de St-Serge. Quant il fut question de lui arracher sa vigne, il se fâcha tout rouge ! Ami des prélats jureurs d’alors, il reprend son service paroissial en 1798 sur tout le quartier, et finit dignement ses jours au presbytère de St-Serge, alors en l’ex-cellererie de la vieille abbaye.
S’il n’y eut pas sous la Révolution d’\”amicale des réfractaires\”, il y en eut en fait une des \”intrus\”. Ceux-cy peu aimés, vivant isolés dans un milieu édifiant et souvent déclassé, même dans la société nouvelle, ceux-ci dis-je, se réunnissaient volontiers ; et quand au soir de la vente de la cave de la citoyenne Villoutreys, nos deux amis évoquèrent le souvenir des bons crus de Chaudefonds ou de la Côte St-Samson, malgré la joie de leur acquisition, ils durent verser un pleur sur leurs vignes perdues ! Et tout comme de nos jours devisant de la vie chère, des bons jours du passé, de leurs espoirs déçus, ils demandèrent au bon liquide ambré qui remplissait leurs verres, l’oubli de leurs malheurs, le réconfort et l’espoir dans l’avenir !
« En ce verre de vin, que cherchez-vous messire ?
– De ma mie tant aimée, je cherche le sourire ».
« Et vous, qu’y voyez-vous, gentil adolescent ?
– De fortune et d’amour, un rêve éblouissant ! »
« Le gobelet mousseux, qu’est-il pour vous ma belle ?
– Un souvenir bien doux de mon ami fidèle ! »
« Le vin chaud et moelleux, que vous dit-il vieillard ?
– J’y revis du passé, quelques jours égrillards »
« Et qu’en voyez-vous donc, vous, mon bon capitaine ?
– De jadis, Sacrebleu, quelque bonne fredaine ! »
« En ce verre de vin, que cherchez-vous, curé ?
– Comme en tout mon ami, j’y vois très vénéré,
Celui qui nous créa, et qui créa la terre,
Et la vigne au dus jus d’où coule le bon vin,
A ce Dieu de bonté, je lève haut mon verre,
Et grâces je lui rends, qu’il m’ait fait angevin ! »
L’histoire ne nous dit point, Messieurs, combien de fois nos deux compères rendirent grâce à Dieu ! A ce Dieu qu’ils avaient adorés, et qu’ils reniaient publiquement. Pour eux, comme pour Pierre, un matin, le coq chanta, et ils l’entendirent !
Tu es sacerdos in eternum !
Et la cave, direz-vous ? La cave a connu là son apogée. Aujourd’hui, par ordre de la défense passive – par prudence aussi – elle a été vidée de tout liquide alcoolisé et porte comme abri le n°23. Comme dans tous les vieux immeubles, c’est une bonne cave, mais son propriétaire, avisé, a ajouté au crayon bleu : \”Dangereux ! Allez à côté !\”. Nous sommes au XIXe siècle, le siècle qui a connu un ministère de la Solidarité (Cte Pinguet).
9 février 1945
Jean de Villoutreys n’aime pas beaucoup ces plaisanteries là… J’ai copié tout de même.
28 février 1945 à Chaudron
L. de la P. née de V.
1La famille de la Forest d’Armaillé est bel et bien originaire d’Anjou. Le fief de la Forest se situe à Armaillé, Maine-et-Loire, et n’a pas de lien avec l’antique famille bretonne de la Forest, alors éteinte, dont elle a pourtant repris les armes.
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Les Ayrault sont omniprésent parmi les personnes qui comptent et qui décident en Anjou, ils occupent entre autres plusieurs charges de maires et surtout de lieutenants civil et criminel au Présidial d’Angers, charge qu’ils monopoliseet durant 5 ou 6 générations ! Le personnage le plus distingué de cette famille est certainement Pierre Ayrault, né vers 1536, fils de René Ayrault (maire d’Angers en 1556) et Jacquine Loriot, qui fit des études de droit à Toulouse et Bourges, puis commença sa carrière à Paris où il fut choisi par le clergé de la ville pour plaider contre les Jésuites. Il achète en 1565 la charge de lieutenant-civil et criminel d’Angers (un peu l’équivalent d’un préfet), charge qui se transmettra de père en fils durant plus de 150 ans… Il exerce ses fonctions d’officier royal \”modèlement\” et durant la Ligue, il se range sans hésitation du côté du roi. Il est aussi connu comme juriste compétent et réputé, auteur de plusieurs livres, dont son plus célèbre, \”De patrio jure\” (ou De l’autorité paternelle contre ceux qui, sous prétexte de Religion, volent leurs enfants à leurs père et mère), alimenta longtemps les polémiques contre les Jésuites. Et pour cause, son fils aîné Guillaume, brillant et prometteur, entra à sans l’autorisation de son père chez les Jésuites à 16 ans, qui empêchèrent définitivement Pierre Ayrault de revoir son fils et compromirent son avenir en le reléguant à des occupations surtout destinées à le soustraire à la toute-puissance paternelle…
Côté généalogie, les Ayrault étaient assez prolifiques (je descend au moins quatre fois de René Ayrault) : de sa femme Anne Desjardins, fille du médecin de François Ier, Pierre Ayrault eut 15 enfants, et son fils aussi prénommé Pierre eut 17 enfants de deux mariages… Mais la mortalité infantile ne les a pas tous laissé vivre.
Mais ces Ayrault-là habitaient encore au château de la Roche à Ecuillé, c’est le petit-fils de Pierre Ayrault qui habitera à Saint-Hénis. Le château est alors entouré de vastes douves, que franchit un pont de pierre, défendu par deux fortes tours rondes. Il deviendra l’habitation principale des Ayrault de la branche aîné jusqu’en 1835. Il appartient alors à diverses familles jusqu’en 1894, lorsque Marie Aurélie Charlotte Aubourg de Boury, née en 1845, veuve d’Alfred de Villoutreys, le rachète avec l’héritage qu’elle vient de recevoir de son père. Il sera à nouveau vendu dans les années 1950, puis dans les années 1980, où il devient centre équestre, et revendu il y a quelques années… Fort heureusement, il fut l’objet d’un premier classement Monument Historique en 1961, classement annulé et remplacé par celui de 1998, qui protège l’ensemble du château, avec son enceinte et ses jardins, entourés de douves, ainsi que les grandes avenues plantées rayonnant à l’entoure.
Mon arrière-grand-mère, fille aînée de Marie Aubourg de Boury, a conservé plusieurs cartes postales du château que je vous fait partager aujourdh’ui. Elle a aussi conservé des photographies que je numériserais peut-être un autre jour pour ce blog…
Le château est visitable en Juillet et Août, mais je ne l’ai pas encore visité.
Collection particulière A. de la Pinsonnais.
Et en bonus, une carte qui n’a pas de lien avec ce billet si ce n’est l’endroit d’où elle vient, l’intérieur de l’église (mon arrière-grand-mère collectionnait plus facilement les intérieurs d’églises que les extérieurs, alors que moi, c’est l’inverse : nous nous complétons bien…).
Collection particulière A. de la Pinsonnais.
Saint-Hénis sur le ouaibe :
Petite bibliographie sur les élites à Angers aux XVI-XVIIe :
Généalogie :
Emilien Aubourg de Boury
X Charlotte de Mengin-Fondragon
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Marie Aurélie Charlotte Aubourg de Boury
X Alfred Paul Germain de Villoutreys de Brignac
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Louise de Villoutreys de Brignac
X Joseph-Edmond Hochedé de la Pinsonnais
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Jean H. de la Pinsonnais
X Elisabeth de Brébisson
Mes grands-parents
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